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L'Homme en Noir

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instants de chroniques pour du temps à perdre !


Madame Bovary au pays du roman Gothique

Publié par Nicolas Koredly sur 15 Octobre 2015, 07:49am

Madame Bovary au pays du roman Gothique

Non, je n'ai pas détesté Criimson Peak. Pour être clair, oui j'ai beaucoup aimé ce film comme j'adore toujours autant Guillermo Del Toro qui est un des réalisateur les plus cultivés et brillant du monde. L'image n'est placé là que parce que sincèrement penser à Laspalès pendant le film m'a rassuré 2 petite seconde, et le film sachant clairement placer son atmosphère (je reviendrai un jour sur la différence entre ambiance et atmosphère), un petit barbu qui n'arrête pas de répéter "beware, beware." ça permet de se détendre. De même le titre n'est pas une insulte loin de là, j'y reviendrai mais ça a son importance :

On attaque !

1/ De l'Art de spoiler efficacement :

Difficile de résumer Crimson Peak. Difficile surtout de parler du film sans raconter des passages obligés, car l'intrigue de fond en fait se dévoile très vite. Il n'y a pas de surprise dans Crimson Peak, et son but n'est pas d'être inattendu. Aussi il est fort probable que je gâche le film pour ceux d'entre vous attacher aux rebondissement qui intervienne au bout de 20 minutes de métrages.

Laissez moi vous dire malgré ça que la Bande-Annonce est relativement trompeuse, promettant des mystères où il n'y en a pas.

Crimson Peak est un film tiré d'un roman gothique imaginaire. La donnée est très importante car le roman gothique est un genre propre qui part du milieu du XVIIIe jusqu'au début du XXe siècle pour y disparaître vaincu par la modernité accomplie du monde. (la fin des romans gothiques de mon point de vue se confond d'ailleurs avec la science fiction où le merveilleux devient la science, et la fuite vers les étoiles)

Mais il n'existe pas de roman Crimson Peak. Maintenant Del Toro prend sur lui d'en insuffler tout les codes tout du long, jusqu'aux dernières 15 minutes de film. Je vais tacher d'écrire là le résumé et de préciser au lecteur craintif d'arrêter sa lecteur en sachant qu'il va voir un film formel d'un genre très "classique" et passé. Comme pour Pacific Rim si les films de monstres géants ne vous plaisent pas, vous ne comprendrez pas une seconde du métrage, là c'est plutôt si vous êtes réfractaire aux romans gothiques.

Et quand je parle de roman gothique, ne me citez pas Anne Rice ou encore Stephen King. Je parle en terme formel pas en terme de mode instauré comme une dérive underground au punk dans les années 70.

Crimson Peak raconte l'histoire de Edith Cushing (la grand-mère de Peter pour ceux qui ne connaissent pas la Hammer) "vieille fille", auteure inspiré de Mary Shelley et grande amatrice de roman tombe sur Lord Thomas Sharpe, barronnet anglais venu chercher un financement aux Etats-Unis, qui multiplie les attentions pour séduire la belle.

Et je dois m'arrêter là instantanément car tout ce qui suivrait pourrait spoiler le spectateur timide... Oui c'est peu.

2/ De l'Art formel

J'utilise pas mal ce mot, formel. Ce n'est pas un hasard, Crimson Peak comme tout les films de Guillermo Del Toro offre une photographie et une vision graphique extrêmement importante. A l'instar de Mad Max : Fury Road, mais de façon général de toute la filmo de Del Toro; l'image est ce qui raconte vraiment l'histoire.

Là, la symbolique est très visible, difficile de ne pas voir la première lecture de l'environnement et du montage ce que signifie le rouge, le blanc.. (vous allez voir que des gens vont traités le film de mauvais et simpliste parce qu'il essaye juste de pas faire passer son spectateur pour un con). Les scènes intenses s'enchainent à des des plans diaboliques ou angélique.

Le manoir reflète bien cet aspect, devenant une image métaphorique absolument pas voilé de l'Enfer. Les murs y sont fait de planches pourries, et lorsqu'on gratte la surface tout y est rouge, gluant, sordide. jusqu'à la cave creusée dans une atmosphère somptueuse de couleur chaud, et d'un monde industriel de fumée et de tempête dans les tréfonds.

La réalisation emprunte aussi beaucoup au jeu vidéo, notamment Silent Hill et Resident evil. Le premier dans son ton graphique si particulier : un mélange moderne ultra industriel et suintant, avec une vision du cauchemar merveilleux ultra esthétique, et le deuxième dans son choix de cadrage, souvent centré sur l'héroïne allant au devant de l'inconnu. Le mystère devient notre Hors-champ quand elle y assiste en première et le spectateur est prit entre ce désir de voir, et cette appréhension de ce qui est visible.

Ça couplé à la découverte du château qui passe par plusieurs niveaux de découverte d'objet et autre (mais ça je suis pas sûr de qui a influencé qui.) Maintenant j'ai une autre idée d'inspiration suivant le chien (si tu as continué de lire, c'est que tu as vu le film et tu vois ce que je veux dire, sinon c'est que tu veux pas voir le film et donc y a un chien). Il agit comme un "guide" qu'on utilise dans certains survival horror, prévenant le danger et incitant à se cacher/fuir selon la situation.

Ou après c'est juste un chien qui joue à la baballe... j'avoue que je suis un peu séché sur la bestiole.

3/De l'Art Merveilleux

Ce film s'inscrit dans la droite lignée de ce qu'a réalisé Guillermo Del Toro jusque là. J'ai lu il y a peu concernant Pacific Rim que "quand même c'est un côté beau = gentil et moche = méchant". Je passerai sur la stupidité de cette remarque en rappelant de qui qu'on parle : Guillermo del "FUCKING" Toro.

Si il y a une chose qui revient dans TOUT ces films, c'est que ce qui est caché est ce dont on soit se méfier. Que celui qui a l'air monstrueux est peut-être un héros, un être bon, quand celui qui a la beauté cache souvent une créature terrible dans les tréfonds de son être.

Et oui, Crimson Peak n'échappe pas à la règle. Si ce qui fait "peur"... non mais en fait enlevez les guillemets, oui j'ai eu quelques soucis avec mon bide dans le film. Donc ce qui fait peur, dans le film, les spectres affreux et glauque qui te font des câlins avec leurs doigts rongés et pourri de cadavres sont ceux qui essayent de t'aider, quand les gens d'apparences beau et merveilleux veulent vous faire boire du thé, beaucoup de thé.

Ce merveilleux horrifique est la marque de fabrique de Del Toro, ce qui vous embarque pour ne vous lâcher qu'à la fin du film. Les monstres ne vous font pas peur parce qu'ils le veulent, c'est vous qui décidez d'avoir peur face à eux, tandis qu'un humain sous des beaux atouts vous paraîtra toujours acceptable (typiquement la relation entre la mère et le beau-père franquiste d'Olivia dans le Labyrinthe de Pan rejoint cette vision)

Le merveilleux est aussi ce qui révèle. ce qui nous montre au plus vrai de nous-même. Comme le merveilleux est par essence généralement caché, c'est lui qui est le plus à même de faire ressurgir ce qui est enfouis, et ce qu'on enfouis n'est généralement pas le meilleur de nous-mêmes.

Finalement, c'est ce merveilleux qui portera l'héroïne, la forçant à aller au-delà des apparences, à briser les masques et les codes pour finalement arrêter de fuir, prendre les armes et combattre dans un final résolument plus moderne que le reste du film.

4/ Dollars bien dépensé

Je ne reviendrai pas plus que ça sur le jeu de Jessica Chastain, tout en précisant qu'il est excellent à mon sens dans la figure de la folle du grenier (j'avoue ce n'est pas de moi, ma compagne s'y connait mieux en littérature et en figure de celle-ci)

Là mon but est de parler dans un premier temps de Tom Hiddleston. Ce cher Tom depuis sont passage dans Thor a vu sa popularité grimper en flèche au point que je ne compte plus les pages facebook en appelant presque comme des salariés d'air france à le voir tomber la chemise.

Le rôle devait à l'origine échoir à Benedict Cumberbatch, et je dois admettre que je suis content de ce revirement. Tout brillant soit les deux, il n'y a pas la même aura qui en dégage, et Hiddleston jouit d'une popularité qui n'est pas anodine dans le choix. Ainsi comment critiquer la bêtise de l'héroïne quand vous savez que la plupart du public féminin qui ira voir le film serait prêt à s'avaler la bouteille de cyanure pour lui mordiller le popotin ?

Et ce qui est drôle (si si) c'est la justesse avec laquelle il ne sait absolument pas jouer au début. En effet dés son introduction jusqu'à la perte progressive de repère de Thomas (le personnage), Tom (l'acteur) prend soin de jouer un rôle d'un type jouant un rôle. Ainsi il fait tout ce qu'on attend d'un noble anglais, et surtout de Tom Hiddleston.

Et que je danse avec une bougie une valse avec la dame. Et que je lui fais des déclarations d'amour en usant au mieux mon accent british. Et que je t'amène ma bouche à 2 centimètre de la tienne pour bien te faire saliver. Et que je fais mes beaux yeux de chiens battues.....

BREF, Hiddleston fait exactement ce qu'on attend de lui devant l'héroïne, sauf que dés le rôle s'arrête, que Edith tourne le dos, tout comme Theon redevenant Wreek, Lord Sharpe s'efface pour retrouver Thomas le terrible. Et Del Toro montre ce changement, il montre cette dualité et ne nous laisse pas le choix de montrer que tout n'est qu'un énorme FAKE, il nous montre à nous spectateur ce qu'il dissimule à Edith.

Vous remettez mon titre ? Edith, comme Madame Bovary qui se plonge dans ses lectures romanesques et tente d'y modeler sa vie, se plonge dans des lectures lié à Mary Shelley, Jane Austen et autre. Ainsi, Thomas Sharpe, Lord de son état, lui donne l'impression de vivre dans ces romans qu'elle adore. Il n'est jamais que le Lord Rochester qui a toujours fait fantasmé Edith au fil de ces lectures.

Et oui, elle l'attend, il la subjugue et ils sont prit dans cette tourment terrible typiquement romantique (le mouvement artistique hein...)

5/De l'Art... et du cochon...

Mais...

Mais mais mais...

Mais oui, ça a péché. Crimson Peak n'est pas parfait et je n'en suis pas ressorti convaincu d'avoir vu le film de l'année. S'il y a des erreurs (faux raccords par si, problème sonore par là) ce n'est pas tant le problème. Le truc et c'est ça qui me tue, c'est que je ne pouvais pas adhérer à 100% au film car sur le fond je ne suis pas fan du roman gothique.

Si ce film reste un des plus beaux travaux que j'ai vu sur le sujet, si je ne me suis jamais vraiment ennuyé, si je reconnais la valeur et l'investissement de travail énorme et un résultat qui arrive à égaler et sublimer un genre qu'on croyait disparu, il s'avère que n'étant pas fan du concept sa concrétisation me laisse de marbre.

Et c'est terrible pour moi de dire ça. J'ai du m'aider comme rarement d'articles sur le net pour déceler ce que je savais être des figures sans en connaître la symbolique ou le sens. Guillermo Del Toro ne m'a pas déçu, son film n'est pas raté, mais comme pour "les minions" je ne suis pas le public cible.

Le travail d'écriture restant plus impressionnant que pour les minions, je peux vous dire que le film est bon, voir excellent mais qu'il correspond à un genre qui ravira les fans des Hauts de Hurlevent comme Pacific Rim était un cadeau offert aux fans de kaiju eiga. Si je correspond à ceux que le cinéma de Robots géants parle, je ne suis pas de ceux qui peuvent m'ancrer dans Crimson Peak les yeux fermés.

Bilan :

J'aime Guillermo Del Toro. Je pense que c'est un type brillant, aussi je ne peux que conseiller la vision de ses films, aussi oui, que vous soyez fan ou non il est bon de voir Crimson Peak. C'est, un souffle, une respiration et un travail comme on en voit rarement dans le cinéma. Voir Crimson Peak maintenant, comme pour Pacific Rim, ne signifie pas forcément aimer les genres qu'il propose, mais Del Toro est l'un des rares à donner ce qu'il promet, jamais moins.

On écrit partout qu'il s'agit d'un visionnaire, je pense que c'est surtout un rêveur. Ce genre de personne qui ont fondé des nouveaux mythes sans même s'en rendre compte, et qui tente à chaque film de nous questionner sur ce que l'on voit et ce que l'on juge du premier regard... Alors oui, moi aussi aujourd'hui je pense que Guillermo Del Toro est un visionnaire.

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