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L'Homme en Noir

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instants de chroniques pour du temps à perdre !


Atypical (Netflix - 2017)

Publié par Nicolas Koredly sur 3 Octobre 2017, 09:17am

Atypical (Netflix - 2017)

Je fais parti de cette frange de la population à avoir Netflix. Notez que je n'en tire aucune fierté. Dans les faits, c'est en partie par flemme parce que découvrir des nouveaux films réclame parfois des recherches qui me prennent le temps du-dit film. Bon, la selection de films Netflix est relativement pauvre en comparaison des séries, et comme vous avez déjà pu le lire, je suis loin d'être fan des séries (et les séries Netflix souffrent de graves soucis).

Et pourtant, pourtant il arrive parfois de bonnes surprises. Aypical est une bonne surprise (tu remarques comment je te dis déjà ce que j'en ai pensé pour t'épargner les longues minutes de lecture ?). Faudrait voir à quand même expliquer POURQUOI c'est une bonne surprise, et si ça t'intéresse plus que ça, eh bien tu es au bonne endroit.

On attaque :

1/ Tout est relatif

Atypical, c'est l'histoire de Sam. Sam, c'est un ado aux Etats-Unis qui entame sa dernière année de lycée, et qui a une soeur qui fait de l'athlétisme de haut niveau, un père ambulancier gentil et un peu paumé, et une mère surprotectrice et adultère. Et Sam, comme tout les ados des E.U., veut avoir des relations sexuelles... Sauf que Sam est autiste.

Un point positif, d'emblée, c'est qu'on n'appliquera jamais à Sam un autisme gentillet en le diagnostiquant sous des termes rassurants pour le public. Non, le mot Aspergher n'est pas prononcé une seule fois, ni génie d'ailleurs. On sait juste que le degré auquel Sam est touché est moindre par rapport à d'autres enfants autistes.

La force d'Atypical, c'est de centrer son propos sur Sam et de le laisser parler, que ce soit en lui donnant le rôle principal ou en l'autorisant, fréquemment (et notamment lors de ses crises) à user de la voix off. Sam est le seul personnage qui s'explique, qui donne des raisons ouvertes à ses actions. Comme je l'ai dit, la mère est adultère dans la série, mais on échappe à ce long discours de justification qui arrive, normalement, à chaque fois.

Le centre de la série est donc Sam, qui observe les relations, les idéalise par la comparaison avec le monde animal, et finit par tomber parce que sa manière littérale de voir le monde ne peut que se heurter à un monde qui n'est ni littéral, ni binaire. Le monde n'est pas fait pour Sam (et inversement), et c'est du moins ce que la série essaye de nous montrer.

La famille de Sam joue un rôle satellitaire, tournant autour du jeune garçon et subissant au hasard ses humeurs, ses frasques, ou s'en croyant tributaire. Si la mère est laissée de côté (et j'y reviendrai), les personnages du père et de la soeur sont particuliérement attachants, le premier parce qu'il essaye de créer une relation avec un enfant qui ne pourra jamais être totalement ouvert, et la deuxième parce qu'elle doit faire un choix entre privilégier sa vie, ou la responsabilité de son frère qu'on tente de lui mettre sur les bras.

Les histoires s'entremèlent autour de Sam et de ses actes, se mélangent, et parviennent à donner un "tout" qui a une saveur particulière. Ni vraiment un drame, ni vraiment une comédie, il a le mérite d'avoir des personnages attachants, et particulièrement bien écrits.

2/ Contexte d'oedipe

Le personnage de la mère est intéressant, et je souhaitais y revenir. En effet, il s'agit du cliché de la mère surprotectrice qui souffre autant que son enfant, et tente de maintenir un contrôle sur chaque situation. Le personnage est clairement antipathique, et rien ne tente de vraiment l'excuser. Il n'y a pas de saines rédemptions, de retournement salutaire, on la voit tromper son mari, on sait pourquoi elle le fait, et si l'explication se tient, elle n'est pas excusée.

J'ai beaucoup aimé ça. Dans un contexte, notamment celui des drames, où la mère est si souvent sacralisée, là, on décide non pas de l'écorner, mais au moins de le rendre plus crédible. Ce n'est pas parce qu'on est mère qu'on est parfaite, qu'on est l'ange de la vertue, et que donc on est la meilleure. Non, on peut se paumer, se perdre, et avoir son identité propre.

La mère m'a fait penser au personnage de Carolyn dans American Beauty. Et je trouve ça relativement cohérent, dans la construction comme dans l'approche.

L'autre point sur lequel je souhaitais revenir est mon énorme souci avec l'inverse de ce genre de personnage. Je prendrai comme exemple rapide la mère dans 13 reasons why, autre série Netflix que j'ai destestée et dont j'ai trouvé le propos puant, notamment parce que la mère y est magnifiée comme seule amorce de la vertue qui lutte contre la vilaine éducation méchante qui a laissé sa fille mourir.

Je caricature. Mais j'ai aimé que la série Atypical ne rentre pas de ce cliché, et offre à des personnages secondaires une meilleure compréhension que la mère des troubles de Sam. Ce n'est parce que vous êtes le parent que vous savez mieux que tous les autres.

3/ Nous ne sommes pas Sheldon

Les personnages d'autistes ne sont pas si rares dans le spectre culturel, mais ils sont rarement le centre du propos, et ils sont toujours passés à la moulinette proprette nécessaire à un contexte audiovisuel. Les autistes sont cools parce qu'ils savent compter les cartes, parce qu'ils arrêtent Moriarty, parce qu'ils ont des t-shirts Green Lantern.

Dans les faits, un autiste, même Asperger, reste une personne souffrante, et capable de violentes crises. Tous les autistes ne seront pas capables de parler, la majorité ne pourront jamais avoir de contact facile avec les autres et le monde extérieur.

Si vous voulez vraiment des oeuvres qui présentent une image intéressante de l'autisme, je vous en conseille dans cette partie quelques-unes :

Le Bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon, qui dépeint une vision autobiographique fictionnelle d'un jeune enfant autiste souffrant d'Asperger. Ouvrage fascinant et réaliste sur les pensées d'un individu souffrant d'autisme.

The Whale and Mozart, ou Crazy in Love de Petter Naess, qui est un film très particulier où Josh Harnett joue un autiste et où encore une fois le contexte "réaliste" peut rendre le tout particulièrement troublant.

Aspergers are us, un documentaire sur une groupe d'autistes Asperger qui montent un spectacle comique, le côté documentaire aide clairement pour comprendre l'étendue et la complexité des relations de ces gens.

Ben X de Nic Balthazar : l'histoire de Ben, où comment son environnement et la difficulté à vivre dans celui-ci le pousse à se tuer. Film dramatique belge que je conseille à ceux qui veulent pleurer quelques larmes.

J'aurais pu encore en présenter d'autres, mais vous avez déjà là un panel pas forcément connu et divers pour voir et découvrir les tenants et aboutissants de cette pathologie, et ce sans forcément y apposer un spectre de merveilleux ou de mignon.

4/ Bilan

Un article bien court, dû au fait qu'en fait je voulais parler d'Atypical, mais parler de tout autre chose, et que c'est un sujet qui me touche beaucoup notamment en ce moment où toutes les identités y vont de leur petit combat. Mais je me suis souvent rendu compte dans l'écriture de cette critique que je me perdais et voulais parler d'autre chose, et que je le faisais sans doute pour de bonnes raisons, mais dans une mauvaise forme.

Atypical est une bonne série, je vous conseille sincèrement de la regarder, que vous soyiez intéressé par l'autisme ou non. Je pense qu'il serait bon de continuer de produire des séries aussi cyniques et avec un humour aussi intelligent, où le but n'est pas de rire d'un autiste en expliquant qu'il est le seul type fucked up, mais en expliquant qu'il doit sans aucun doute avoir le même point de vue sur nous que nous sur lui.

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